la difficile campagne d'hiver des Restos du Cœur en Touraine

 21 novembre


 

 

 

 

 

Moins de denrées, barème d'inscription durci : la difficile campagne d'hiver des Restos du Cœur en Touraine

La 39e campagne d'hiver des Restos du Cœur démarre officiellement ce mardi 21 novembre. Elle est marquée par les difficultés financières de l'association, au point qu'elle doit dire non à certains bénéficiaires. Une première dans son histoire. Exemple au centre Febvotte de Tours.

Dans la petite cour du centre des Restos du Cœur de Febvotte, à Tours, Roselyne a du mal à se faire une place. "Ce qui m'a frappé, d'entrée, c'est le nombre de gens qui venaient s'inscrire. J'ai attendu quasiment une heure." À 62 ans, cette retraitée pousse pour la première fois les portes de l'association. Elle rentre tout juste dans les critères. "C'était limite parce que je touche ma complémentaire retraite et j'ai cru comprendre que les conditions d'inscription étaient plus contraignantes."


En effet, comme ailleurs en France, le centre tourangeau se base désormais sur un seul barème, au lieu de deux précédemment. Pour la campagne d'hiver, les Restos du Cœur baissaient leurs exigences, en quelque sorte, par rapport à la campagne d'été. Mais ce n'est plus le cas. L'inflation est passée par là. Et le président avait prévenu, dès septembre : "Aujourd'hui, nous ne sommes pas suffisamment solides pour absorber le flux de personnes qui ont besoin d'aide alimentaire."

Des caddys moins remplis


À Febvotte, Roselyne n'aura donc droit qu'à une distribution tous les 15 jours. L'an dernier, elle aurait sans doute été éligible à une par semaine"C'est comme ça. On est tous dans le même bateau", relativise-t-elle. Sauf qu'en plus de ce tour de vis sur le nombre de bénéficiaires ou de passages, les difficultés financières de l'association ne permettent pas d'avoir autant de denrées alimentaires qu'avant.

Maëva, bénéficiaire depuis sept ans, le constate. Son caddy est de moins en moins rempli. "Quand on vous donne, je ne sais pas, quatre tranches de jambon et quelques yaourt pour tenir une semaine, ça ne fait pas beaucoup. Et c'est vrai que si on remonte trois ans auparavant, il y a un sacré changement. Après, c'est sûr que c'est mieux que rien, on ne va pas faire la pleureuse. Et puis, sans les Restos, j'aurai continué à faire mes malaises dans la rue, car je ne mangeais pas. Donc, heureusement qu'ils sont là."


"Ce qui me fait peur, c'est qu'à plus ou moins longue échéance, je ne sais pas si les Restos vont pouvoir perdurer"


Christine, une bénévole, ne dira pas le contraire. Mais quand elle voit ses étales de produits frais, quasiment vides, elle a un petit peu de mal à garder la face. "Honnêtement, je redoute beaucoup cette campagne d'hiver. Ce qui me fait mal au cœur, c'est que les gens viennent à mon stand et que ne je peux rien leur donner. Depuis plusieurs mois, j'ai de moins en moins de marchandises. Et c'est encore pire avec les produits halal. Parce que tout a augmenté. Moi, je ne suis pas en charge des commandes, mais mes camarades me le disent, ça monte en flèche au niveau des prix. Et puis, la ramasse des magasins, ce n'est plus comme avant. Ils donnent moins de choses. Ce qui me fait peur, c'est qu'à plus ou moins longue échéance, je ne sais pas si les Restos vont pouvoir perdurer."

Après avoir aidé 3.000 personnes lors de la campagne d'été 2023, soit 20% de plus en un an, le centre de Febvotte s'attend cette fois à refuser pas mal de monde. Ça commence déjà.


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